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L'AMERINDIEN

collage2.jpgEn dehors de leur approche de la vie,l'Indien appréhende une grande liberté, un amour intense et absorbant pour la Nature, un Respect pour la vie, enrichissant sa foi en un pouvoir suprême,avec un principe de base: La Vérité,l'Honnêteté, la Générosité, l'Egalité,la Fraternité comme guide pour toutes ses relations 
                                   
LUTHER STANDING BEAR (1868-1939  Chef SIOUX  OGLALA 

                                 BLACK ELK
BlackElK-copie-1.jpgEntends ma voix
Pas pour moi même

Mais pour mon Peuple.
Entends moi dans ma peine
Je suis vieux
Entends ma voix
Que mon Peuple puisse encore
Etre dans le cercle sacré
Qu'il retrouve la Bonne Route
La Route Rouge
Oh fais que mon Peuple vive !
                 BLACK ELK 1931

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TANKA IYOTANKA- Taureau Assis
Sioux Hunkpapa 1834-1890              
Tanka-Iyotanka-Taureau-Assis-SIOUX-Hunkpapa.jpg

"Ceux qui ont eu le courage de renouer avec l'esprit du Peuple savent que, tout comme leurs ancêtres étaient traités de  "sauvages hostiles", eux mêmes sont à présent traités de "militants subversifs"
                     Léonard Peltier        















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            Harmonie
Cercle-Cr--ation.jpg













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ZULA ILE, Sioux Lower Brûlé


ZULA-ILE-Sioux-Lower-Br--l--.jpg















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INCHIN TANI MAPU MEU 
       MELEAYN "            
Incantation.jpg




















Notre-Terre-copie-1.jpg
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NITASSINAN est une association 1901
13 octobre 2008 1 13 /10 /octobre /2008 14:14

-Donc vous étiez dans ce groupe, en fait c'était un village, il y avait environ combien de personnes ?

Kler - - C'était un groupe assez important, il devait y avoir une cinquantaine de tipi qui regroupait à peu près 150 personnes, ils étaient installés sur des terrains qu'ils appellent là-bas les terrains perdus.
C'est des collines qui servent en fait aux troupeaux de moutons, c'est très vaste et donc il y avait une vraie vie de village, l'hiver, ils se regroupaient tous dans le bas de cette vallée pour être quand même plus abrités en hiver, c'est un climat assez dur, plus pluvieux qu'ici.
Le premier hiver a été quand même assez costaud, on a eu pas mal de neige.
Mais il y avait une solidarité qui rendait la vie moins dure, pour nous ça n'a pas été une épreuve, c'était dur mais on était prêt à tout, on était jeune et on avait une bonne force physique,



-Donc pour vous qui étiez nouveaux dans ce groupe en fait c'était un tuteur fort ...le groupe.

Kler - - oui bien sur , nous étions bien entourés.

en majorité des Anglais, mais aussi de toutes nationalités, quelques fois on sentait que ce n'était pas facile de faire partie d'un groupe lorsque l'on ne parle pas bien la langue, mais d'être dans ce village était très vivifiant , ponctué par des fêtes ; on se rassemblait dans un immense tipi appelé la" big lodge" qui faisait au moins 12m ( de diamètre ), on y entrait à 50, tranquille !
Et c'est toujours comme ça maintenant je pense, je n'y suis pas retourné depuis un moment, mais il y a surement toujours la big lodge qui accueille les visiteurs.


Dans ces conditions de vie très physiques Kler évoque le rôle important joué par le sauna"indien", hutte close constituée de branchages recouverts de couvertures, à l'intérieure sont disposées les pierres chauffées. Le sauna pratiqué tous les quinze jours en relation avec le cycle lunaire, permettait de tonifier et purifier le corps, de le rendre résistant aux chocs thermiques quotidien :intérieur/extérieur du tipi
C'était un élément essentiel de l'hygiène de la communauté.

Kler - - On est donc resté dans cette vallée un peu plus d'un an , Gwendal avait treize mois lorsque l'on est parti , il en a vingt quatre aujourd'hui .



- Comment les enfants ont ils vécu cette expérience ?

Kler - - Et bien , j'ai eu quatre enfants, les trois aînés sont nés dans ces conditions de vie sous tipi, ma fille la plus jeune y a vécu aussi quelques moments, mais moins longtemps. (études des grands ,oblige ! )
Ça a été des moments de grande liberté pour eux, et de vivre ainsi les premières années de leur vie dans la nature, les a rendus forts et plus autonomes, bien dans leur peau.      

Ce  que j'en pense aujourd'hui, c'est que je leur ai donné le choix car nous avons pris une maison à la fin de leurs années d'école primaire, ils ont ainsi pu profiter de toute la technologie moderne.
Je ne voulais pas non plus les élever en" vrai sauvage ", loin du monde moderne, au début je leur ai fait l'école et aussi avec les cours par correspondance, mais trois garçons à gérer sous tipi n'a pas toujours été facile, je n'avais sans doute pas assez de patience.
L'important est qu'ils connaissent plusieurs façons de vivre . Il peut se passer n'importe quoi dans la vie, on ne sait pas ce qui va arriver exactement non plus.
Des gens se retrouvent démunis du jour au lendemain suite à des catastrophes, et bien si l'on perd tout , par example, on sait que l'on peut vivre avec peu, d'une bonne manière.
Cela est pour moi aussi une richesse de leur éducation et je suis contente d'avoir pu leur faire vivre la simplicité,à l'état pur, vraie et belle...

" En fait la vie servait à la vivre bien, on avait pas idée d'aller chercher un boulot "

On peut ne plus rien avoir et continuer à vivre décemment si on se tient à une rigueur de vie, ce qui était notre cas.

On essayait de vivre de la meilleure façon possible, de s'alimenter du mieux possible, principalement en bio et aliments complets , de s'habiller le plus sainement possible avec des matériaux naturels, on faisait beaucoup de choses par nous même, que ce soit en cuir, en laine , en coton. Moi je faisais des vêtements pour les enfants , je faisais pas mal de choses. 
En fait la vie servait à la vivre bien, on avait pas idée d'aller chercher un boulot.                                    Le seul argent qu'on avait besoin c'était pour aller au marché une fois par semaine,mais ça se limitait à pas grand chose, nos besoins financiers étaient très réduits. 
 C'était une évidence pour nous à cette époque que c'était la meilleure façon de vivre, de s'employer toute la journée à organiser sa vie et que tout aille bien.
 Si on avait de l'eau et du bois , déjà la journée était faite.
Et après voilà , on essayait d'avoir de bonnes relations avec les gens qui étaient autour de nous.

C'est un peu idéaliser,( certains pourraient le penser ),  mais c'est en fait ce style de vie que j'ai appréhendé pleinement comme étant une évidence de vie, une recherche de la vérité simple...
 un peu comme une vie paradisiaque où l'on a pas les soucis qui ne rentrent pas dans la vie de tous les jours, comme d'aller travailler et de mettre nos enfants ailleurs à faire garder.
Enfin ça rend la vie homogène , disons que l'on tient les rênes de notre vie entièrement et cela procure un immense bonheur, un luxe même !
 On attend pas d'aller acheter ci ou ça , ou que d'autres s'occupent de nos enfants , ou d'avoir plein d'argent ;       C'est pas du tout ce créneau là .
On peut se satisfaire de très peu et être totalement heureux, en tout cas c'est comme cela que je l'ai vécu
L ' intérêt aussi d'avoir vécu cette vie là est aussi d'avoir toujours eu des contacts avec d'autres...
Je n'ai jamais vécu celà vraiment isolée, l'intérêt était d'être en groupe et puis de se tenir les coudes, d'avoir de bonnes expériences ensemble, de discuter, de faire des fêtes, de beaucoup parler par rapport aux enfants, de comment faire ci, faire ça.
Enfin quand on va vers une vie comme ça , on a tout à réapprendre, puisque l'on a pas la culture de vivre comme ça , donc (...)
Et c'est ainsi que l'on s'entraide, partageant nos expériences, ça se fait comme ça,  naturellement.

-Et donc y avait le village (de tipi) et comment se passaient vos relations avec les gens des environs, les agriculteurs...?

Kler - - Et bien en fait , on avait pas beaucoup de contacts ,finalement.
Depuis que j'ai choisi cette vie là, je crois qu'il s'est passé une rupture que je garde encore aujourd'hui, la sensation que je me suis retirée en fait, du groupe de la société tel que tout le monde la vit , plus ou moins pareils.
D'avoir vécu comme ça en dehors, finalement on y revient jamais vraiment. Je l'ai vécu comme ça et beaucoup d'amis qui ont eu la même expérience le vivent aussi comme ça.
Et bien on peut dire que l'on est pas spécialement bien perçu, il y a une méconnaissance de la population environnante dû au retrait et cela crée une peur ou des questionnements, c'est aussi quelque chose de tellement exceptionnel que c'est comme si ils ne pouvaient pas comprendre.(ceci sans a-priori)
On essayait même pas, on a jamais essayé finalement non plus de s'ouvrir, car je crois que l'on a toujours senti une méfiance et des préjugés à notre encontre. Et ceci ne favorise pas le contact.
Les seules histoires que je me rappelle, ça a été des conflits par rapport aux montons qu'on dérangeait...C'est les seuls flashes que j'ai des contacts avec les autres.
Ce n'est pas spécialement bien vu,  dès que l'on fait quelques chose de différent, de toute façon...
Si ce n'est pas expliqué par A+B ;    Si il n'y a pas une réelle explication,  d'entrée de jeu, c'est mal parti !
 les populations, que ce soit ici, en Bretagne, au Nord ou au Sud , c'est plus ou moins similaire ;
Je l'ai vécu aussi en Espagne, quoique les espagnols étaient quand même plus ouverts...d'appréhension ,comme ça, lorsqu'ils nous voyaient,  ils n'avaient pas un recul ou une hostilité, ils étaient plutôt attirés et ça les faisaient sourire, c'était plutôt sympa.

- Oui, donc vous avez fait de l'itinérance .

Kler - - Oui j'ai fait de l'itinérance, après le pays de Galles , je suis resté quelques mois en Bretagne pour la naissance de mon deuxième fils puis je suis partie en Espagne ;
  J'y ai rejoins un groupe de personnes , que je ne connaissais pas d'ailleurs. J'avais appris qu'il y avait un groupe qui partait de l'Aude vers 
Saint Jacques de Compostelle avec des chevaux , des animaux bâtés et des tipis aussi.
Je me suis jointe à eux, par intérêt pour cette expérience et par envie de bouger.
Je me suis retrouvée assez isolée en Bretagne et j'avais envie de retrouver une vie de groupe.
 Et donc on a transhumé dans les Pyrénées espagnoles pendant trois ans.
Je suis donc partie avec mes deux enfants , j'avais une voiture en partant  de Bretagne, mon tipi, une grande remorque et aprés les 1500km pour les rejoindre, j'ai très vite troqué la voiture et la remorque pour prendre un cheval , 2 mulets et une ânesse et j'ai ainsi fait l'expérience de bouger avec des animaux .Les deux garçons portés par un panier double sur le dos de l'ânesse Agua, le matériel de couchage et cuisine, sans oublier la petite machine à coudre manuelle , sur les autres animaux.
Nous étions douze adultes et nous avions neuf petits garçons.
 On prenait vraiment notre temps, enfin certains voulaient aller à St Jacques de Compostelle...
Nous prenions cette direction...
 enfin, je crois que personne n'est arrivé à St Jacques d'ailleurs  ! ( rires) 

 "Et ça  a été la plus grande expérience de liberté que j'ai eu..."   

 L' important était de bouger ensemble à travers la nature, et ça a vraiment été la plus grande expérience de liberté que j'ai eu, de ne pas dépendre d'un véhicule, donc de ne plus avoir a acheter de l'essence et de pouvoir porter toutes ses affaires avec des animaux , de se déplacer.
On s'était fabriqué des petits tipis suspendus, style tipi de chasse,
on pouvait les suspendre à une branche, être perdus au milieu de nulle part et en 5 minutes on était chez nous, on les montait comme ça quand il faisait beau.
L'hiver on se faisait quand même un camp de base , avec les tipis bien montés et isolés, pour résister à l'hiver qui était bien neigeux dans les Pyrénées.
Quand le temps s'améliorait au printemps, on partait, on choisissait toujours les petits chemins, 
 ne croisant jamais de routes, ou très rarement, on était uniquement en pleine nature..
Les petits chemins, c'était magnifique, on arrivait dans des endroits extraordinaires,
 où il n'y avait vraiment personne..
.Des coins vraiment magnifiques.
Quand on trouvait un coin qui nous plaisait et que l'on pouvait rester,  on  y campait le temps qu'on voulait, tant qu'il y avait du bois autour
Puis au gré de nos envies, on pliait le camp et l'on repartait,
on n'avait pas de plans en soit

Pour resituer vos moyens de subsistance c'était...
 



 

Kler - - Moi je fonctionnais avec des allocations familiales, c'était la seule subsistance que j'avais, ça suffisait amplement...certains faisaient de l'artisanat, des objets en cuir et les vendaient au marché, comme je disais ,nous n'avions pas besoin de beaucoup d'argent et tout le monde s'en sortait bien ;  Et j'ai voyagé comme ça en Espagne jusqu'en fin 1988...   

        

   On y a rencontré des gens très intéressants, qui vivaient d'une façon autonome.
 Le but de cette vie, en fait , c'est d'être autonome, c'est vraiment de pouvoir tout gérer de sa vie.
C'est ça le truc majeur, en fait , l'idée de base.
On a rencontré beaucoup de jeunes espagnols qui avaient une bonne impulsion de vie ;
 Ils avaient remonté entièrement un ancien village de maisons en pierre, perché sur une montagne. Il y a beaucoup de villages abandonnés là-bas.

Donc , c'était tout un petit village, complètement paumé, on y accédait par un petit chemin de mulet, il fallait monter au moins pendant trois quarts d'heure - une  heure ,  pour arriver là; Et en haut, ils avaient remonté toutes les maisons en bâtant tous les matériaux, à dos de mulets, un truc de fou, et ils s'étaient organisés totalement autharciques .
Ils avaient leurs jardins, leur boulangerie, leur artisanat et puis ils faisaient des tas d'activités; Du théatre , de la chorale, du yoga, ils faisaient aussi l'école aux enfants;
Et là, on est resté avec eux tout un hiver, dans cette région, près de Pampelone. ..          
J'ai de bons souvenirs de cette époque là...     
On a monté notre village tipi, au dessus encore de ce  village.  
On avait de bonnes relations avec eux, on allait les voir souvent, on y était en un quart d'heure, et on participait  avec eux à différentes activités, mais on gardait aussi notre vie entre nous, de village...avec nos fêtes, nos saunas et nos habitudes quotidiennes .

Puis au printemps,  j'ai eu quelques malentendus  dans notre groupe ,
et à l'occasion de la visite de mon frère,et d'un ami  je me suis séparée du groupe avec mes deux fils.   
Nous sommes resté quelque temps, nous cinq,  un peu plus au sud dans la région de
 La Rioja près des sources chaudes  d'Arnedillo, dans un petit village perché aussi à flan de montagne,magnifique, habités par de jeunes espagnols fabriquant là ,leur artisanat vendu sur le marché.
Très bon contact aussi.(Je les reverrai surement un jour !)
Nous y sommes restés peu de temps, car le projet suivant étant de remonter au Pays de Galles, chercher de la toile pour refaire un tipi neuf . 

Et c'est ainsi que s'acheva l'aventure en Espagne.       

                                   

                                      

 

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